La Galissonne
Slogan du site

L’association La Galissonne créée à St-Germain-des-Prés, le 29 Novembre 1995 affiliée FFRandonnée.
Elle a pour but de tracer des sentiers de promenades et d’animer des randonnées pédestres.
Elle a une vocation culturelle et de mise en valeur du patrimoine local.

Histoire de St-Germain-des-Prés

par alainh

Le village de Saint-Germain-des-Prés fut longtemps subordonné à Gy-les-Nonains. On l’appelait d’ailleurs "Saint-Germain-les-Gy" , c’est-à-dire "près de Gy".
La situation avantageuse de Gy-les-Nonains était évidemment due à l’importance de son abbaye. Par conséquent, la rive de l’Ouanne la plus passante était autrefois celle de Gy. Mais plusieurs événements renversèrent la vapeur. Au XVIIIe siècle, le couvent disparut. Cent ans plus tard, le chemin de fer fut construit et la route départementale aménagée. St-Germain-des-Prés devint alors la commune prépondérante.

La fontaine Saint-Germain
St-Germain-des-Prés tire son nom, du passage de l’évêque d’Auxerre. En 445, Saint-Germain (Germanos) se rendait à Corbeilles-en-Gâtinais pour rencontrer un roi barbare (un des chefs des Alains). Il profita de son passage pour ondoyer quelques pèlerins. Comme il utilisa l’eau de la fontaine du village pour procéder à ses sacrements, on ne put faire moins que de baptiser cette source "Saint-Germain", ainsi que le village.
Il faut préciser que la fontaine Saint-Germain est assez exceptionnelle. Elle possède en effet la propriété de ne pas geler. Même au Moyen Age, lors des redoutables hivers que connurent nos ancêtres, cette source était la seule qui alimentait toujours la paroisse. De plus, son débit permettait de faire tourner le moulin de Saint-Germain, alors que ceux des alentours restaient bloqués à cause du gel.
La source Saint-Germain représentait donc le pôle d’attraction du village. Elle fut aménagée en lavoir et servit durant des années aux laveuses qui profitaient avec plaisir de cette eau fraîche et courante.

Les châteaux
Cependant, au Moyen Age, malgré l’attrait de la fontaine, Saint-Germain ne possédait pas réellement de bourg. Les anciens l’appelaient "la paroisse des soixante-dix hameaux".
Le bourg n’était guère qu’un hameau parmi les autres. Jusqu’à la guerre de Cent Ans, la forêt de Montargis recouvrait Saint-Germain sur la moitié de sa superficie. Derrière l’actuelle mairie se dresse la colline de Montanthaume. Un petit château s’élevait à cet emplacement.
Mais le plus important était celui des Essarts. Son nom provient de ce que l’on fut obligé de déboiser pour le bâtir. Ce travail était l’œuvre des essarteurs. Ce château appartenait au sénéchal de Château-Renard et fut rasé à la guerre de Cent Ans. D’autres, moins conséquents furent également détruits : le château de Gisors près des Griboulets, celui de Courbevaux et celui de Pourprix.

Il y avait aussi le Javot, à l’emplacement duquel furent mises au jour des tombes carolingiennes. Tous ces châteaux, ruinés par le passage des Anglais, furent parfois rebâtis. Le sinistre Robin Knowles et sa troupe de soudards - maintes fois évoqués pour tous leurs méfaits dans le canton - causèrent de grands dommages à Saint-Germain.
Par chance, la population avait eu le temps de s’enfuir : conduits par leur seigneur, Gilles Lécuyer, tous les habitants s’étaient réfugiés au château-haut de Château-Renard sous la protection du capitaine Jean Richard. Mais lorsqu’ils regagnèrent leurs maisons, un spectacle de désolation les attendait. Tout n’était plus que ruines et cendres.
L’effet du désastre devait durer de longues années : une génération après le drame, la campagne était toujours sinistrée. Durant cette période tragique, en 1429, Saint- Germain-des-Prés reçut un hôte de marque en la personne de Jeanne d’Arc. Chevauchant vers Gien, la Pucelle s’arrêta à Gisors (Guézard) puis traversa l’Ouanne au gué du pont Guinant.

La fontaine Saint-Thibault
Ce sont les moines de Molesmes qui introduisirent le culte de ce saint dans la paroisse. Les religieux, originaires des environs de Tonnerre, s’étaient donné pour mission d’évangéliser et de desservir les paroisses rurales.
Ils s’installèrent donc à Saint-Sébastien, non loin de Château-Renard et étendirent leur influence sur les paroisses alentour. Le culte de saint Thibault vint donc s’associer à une source à côté de laquelle on bâtit une chapelle. L’oratoire Saint-Thibault était alors un édifice beaucoup plus imposant. Plusieurs fois détruite au cours des invasions et des guerres, la chapelle fut toujours reconstruite. Mais la Révolution lui donna le coup de grâce et elle fut réduite à ce qu’elle est aujourd’hui.
Dès le XIle siècle, les bergers s’y rendaient en pèlerinage, trempant leurs moutons dans le ruisseau. Cette coutume persista jusqu’à la fin du XIXe siècle. La fontaine Thibault guérissait, dit-on, " les fièvres intermittentes " ; aussi, les pèlerins venaient y puiser de l’eau. Ils immergeaient leurs vêtements dans la fontaine pour se garantir des épidémies.

L’ermite de Saint-Thibault
On raconte qu’autrefois, il existait un ermitage attenant à la chapelle Saint-Thibault :
" Un pieux ermite habitait cet asile Il y vivait de dons que lui faisaient ceux qui venaient en pèlerinage. Les consolations qu’il prodiguait aux malheureux, les conseils qu’il donnait à la jeunesse entretenaient l’harmonie et la paix dans toutes les demeures des environs. Sa haute sagesse et sa longue expérience ont longtemps contribué à mettre l’ermitage en vénération. Il mourut quelque temps avant la Révolution et ne fut pas témoin de la destruction de sa paisible retraite ". (A. Boivin)

Les moulins
St-Germain-des-Prés mit à profit la force hydraulique dès le Moyen Age. Au XIVe siècle, plusieurs moulins tournaient grâce au courant de l’Ouanne : le moulin de Saint-Germain, qu’entraînait la fontaine, celui de Varennes devenu par la suite Moulin-Plateau, le moulin de Pont-Guinand encore appelé moulin à Tan. Il y avait aussi le moulin de Pouligny, à forge. Celui-ci permettait de travailler le fer extrait du sous-sol de la région. Cette industrie débuta dès le haut Moyen Age, vers l’an 800. La gangue entourant le fer était rejetée dans les prés voisins.
Tout le long de l’Ouanne, les moulins à forge actionnaient marteaux et soufflets. Le minerai du Gâtinais de l’Est, s’il était de médiocre qualité, permettait pourtant de forger toute une artillerie. Celle-ci servait à la défense des châteaux forts. Boulets, pièces de canons provenaient de ces forges. Fort heureusement, les moyens d’exterminer son prochain s’étant modernisés, ces moulins à forge furent reconvertis en moulins à blé ou à foulon. Ils disparurent totalement au XVIe siècle.

Reconstructions
Après la guerre de Cent Ans, Saint-Germain-des-Prés pansa ses plaies. L’église, le bourg, les châteaux, tout était en ruines. Les habitants se décidèrent à reconstruire leur église, non sans quelques grincements de dents. Après trois menaces d’excommunication, ils se résolurent à verser les deniers nécessaires aux travaux qui furent effectués sous Louis XI.
On répara aussi certains châteaux, comme celui de Courbevaux. D’autres furent bâtis à cette époque, c’est le cas du château de la Chaponnière.
Toutefois, les guerres de religion portèrent un nouveau coup à la paroisse : en 1562, une troupe de soixante soldats protestants déserteurs incendièrent l’église. Enfin, en 1576, c’est une armée de 14.000 hommes qui traversa la région. Ces protestants allemands causèrent de graves dommages notamment à Pourprix.

De rudes hivers
Outre les guerres, les rigueurs du temps comptaient au nombre des fléaux s’abattant sur nos ancêtres. Un prêtre fameux de Saint-Germain, le curé Beauvisage, en consigna une description précise dans les registres paroissiaux. Ils constituent de véritables bulletins météorologiques de l’époque :
Hiver 1784 : "(...) Les plus anciens vieillards n’ont point entendu dire par leurs ancêtres qu’on ait jamais vu tant de neige dans le païs. On ne pouvoit sortir ni à pied, ni à cheval, ni en voiture. La terre a été ainsi couverte pendant cinq semaines pleines (...). Le gibier et les oiseaux sont morts de faim et de froid. La misère a été grande, et la vie très dure.(...)".
Le curé Beauvisage relate également l’hiver qui précéda la Révolution, terrible entre tous :
"L’hiver de la fin de 1788 et du commencement de 1789 a été le plus rude dont on se souvienne. Il a commencé avec le mois de décembre par une bise aigre et il a continué sur le même pied jusqu’à la mi-janvier. La neige alors est tombée fortement et elle a duré cinq semaines pleines (...). Les rivières les plus rapides ont toutes été gelées. Les jours les plus terribles pour le froid ont été le 30 et le 31 décembre. Le thermomètre de Réaumur descendit de dix-neuf degrés trois quart au-dessous du point de congélagion (sic) (...) Le froid a surpassé celui de 1709, celui de 1776 et de 1784 (...)" .
"Beaucoup de moulins n’allaient plus, et les autres faisoient très peu de besogne, de sorte qu’on ne pu avoir de farine. (...) Autre grande misère les gens n’avoient pas assez de bois, dans un tel froid, et on ne pouvait aller en chercher à cause des neiges ; ils n’avoient point de pain, point d’ouvrages. La misère étoit au dernier degré.(...)".
Malgré le froid terrible, la fontaine Saint-Germain ne gelait pas et le moulin tournait toujours. Le curé nota d’ailleurs : "Le moulin du bourg n’a pas cessé d’aller nuit et jour, pendant tous les malheureux temps, on y venoit de six à sept lieues, et il a rendu de grands services au public. La fontaine de Saint-Germain nous a valu cet avantage".

La route Montargis Château-Renard
Outre les deux chemins de part et d’autre de l’Ouanne, il existait de nombreuses routes parallèles. Jusqu’à la Révolution, chaque village avait son propre chemin pour rejoindre Montargis. L’arrivée des premières diligences, dix ans avant la Révolution, obligea à choisir une route pour définir un service hebdomadaire. Une fois par semaine, la voiture de poste emmenait donc les voyageurs de Château-Renard à Montargis en passant par le "chemin bas". Celui-ci longeait l’Ouanne au plus près sur la majeure partie de son trajet. Or, un jour de fortes pluies, alors qu’elle empruntait un pont de bois, la diligence se retourna dans le ru de Volteau. Il y eut trois morts. Cet accident motiva le choix d’une autre route et, par voie de conséquence, la construction de la route actuelle en 1830.

Les vues du Dr Gastellier
En 1779, le docteur Gastellier, auteur d’un "Essai topographique, minéralogique et historique sur la province du Gâtinais" donne une description tout à fait avantageuse des habitants de Saint-Germain-des-Prés :
"Les habitans sont de taille ordinaire et point forts, les hommes en général y sont mol, faibles et paresseux. Les femmes y sont communément mal faites. Les uns et les autres sont sujets aux maux d’aventure (sic) qui guérissent difficilement. Il y a très peu de vieillards, encore n’y en a-t-il pas de soixante dix ans."
Que les Germanopratains se rassurent, M.Gastellier n’était pas plus tendre avec les gens de Château-Renard :
"Leurs passions dominantes sont l’ivrognerie, la fainéantise qui les tiennent habituellement dans l’indigence. Ils sont tous hommes et femmes d’une taille ordinaire et jouissent d’une bonne santé : on y compte quelques vieillards avancés en âge.(...)" .
Ceci pousserait donc à penser que l’alcool conserve, et que le docteur Gastellier était un grincheux !

Ce texte est tiré d’un article de l’Eclaireur du Gâtinais du 20 mai 1999 écrit par Liliane Violas.

Sources : Mairie de St-Germain-des-Prés, Eclaireur du Gâtinais et Wikipédia