les 7 écluses
Le roi Henri IV et son ministre Sully ont fondé en 1597 le projet de développer les voies navigables et d’unir la Méditerranée à l’océan Atlantique et à la Manche. Le rappel d’une priorité va les ramener à la raison : approvisionner Paris et donc unir la Loire, alors navigable, à la Seine en évitant les transbordements longs, coûteux et risqués entre les ports de la Charité, Cosnes, Gien, Orléans, et les rivières du bassin de la Seine, avec le problème de franchir des seuils élevés entre deux bassins.
En 1603 le roi et Sully décident de construire un canal de la Loire à la Seine. Les travaux vont être mis en adjudication et c’est un Tourangeau, Hugues Cosnier, qui va l’emporter. Ce génie mal connu, à la fois ingénieur et entrepreneur, étudie les ports, la Loire et écrit beaucoup. Ses manuscrits sont conservés à la BNF. En 1604, un devis est annexé aux lettres-patentes du roi avec le détail des conditions dans lesquelles le canal doit être construit.
L’entreprise est hardie pour l’époque car les bassins de la Loire et de la Seine sont séparés, entre Rogny et Briare, par une série de plateaux dont le point culminant situé au Rondeau à 173 mètres d’altitude, constitue la ligne de partage des eaux alimentant les deux bassins. Il faut donc faire franchir cette dénivellation assez importante à une voie artificielle qui, par définition, ne peut présenter que des plans strictement horizontaux. C’est là qu’intervient le travail d’ingénieur d’Hugues Cosnier.
Il invente l’écluse multiple et propose de construire à Rogny , un escalier de six écluses en maçonnerie plutôt qu’en charpente(trop fragile à ses yeux) avec des murs de soutènement de 1,95 m d’épaisseur qui s’épaulent mutuellement et augmentent la solidité.
Ce principe d’écluses accolées est fondé sur l’économie de l’entreprise qui n’exige que huit mécanismes de portes au lieu de quatorze avec un volume de maçonnerie nettement moins élevé et une tranchée plus courte à creuser (24 m de hauteur sur 250 m de longueur), sas de 28 m de long, 4,80 m de large et 0,80 m d’enfoncement.
En 1605, le chantier démarre avec 18 000 hommes, 12 000 ouvriers et 6 000 hommes de troupes affectés à la protection du site, des matériaux et pour faire face aux propriétaires expulsés, afin de faire respecter la volonté du Roi.
Tout est construit à main d’homme : tranchées creusées à la pelle et à la pioche, rochers brisés à la poudre de mine, pierres taillées au ciseau, terre enlevée au panier ou au tombereau tiré par des chevaux de trait. La pierre choisie est un calcaire très dur.
En 1609, un premier bateau expérimente le grand escalier d’eau en le descendant jusqu’au Loing, le canal étant inachevé.
Mais suite aux difficultés financières et à l’assassinat du roi, les travaux s’arrêtèrent en 1610.
Ce n’est qu’en 1628 que le marquis d’Effiat, surintendant des finances sous Louis XIII, s’intéresse au canal et décide de redémarrer les travaux avec Hugues Cosnier.
La mort de l’ingénieur Cosnier en 1629, la guerre de Trente Ans, les objectifs de Louis XIII, firent abandonner le canal à la Compagnie des Seigneurs du Canal fondée en 1638, en toute propriété, avec toutes autorisations de détourner eaux et rivières pour l’irrigation, et toute liberté d’exploitation et de péage.
En 1642, le grand escalier d’eau de Rogny fonctionnera alors sans grande interruption pendant deux siècles, n’exigeant que quelques améliorations et permettant la prospérité de la Compagnie et du développement du commerce en général. Les écluses comptaient un trafic de 4 000 bateaux et 200 000 tonnes de marchandises en moyenne par an.
En 1666, le « canal de Loyre en Seyne », prend le nom de canal de Briare.
Cependant, un inconvénient majeur existait. En raison du système d’échelles d’écluses, le croisement des bateaux se révélait impossible. Lorsqu’un chaland franchissait la colline de Rogny, la navigation en sens inverse se trouvait bloquée. L’attente durait une demi- journée pour laisser passer un train de chalands allant dans la même direction et la consommation d’eau doublait, une éclusée ne servant qu’à un seul bateau. Le volume d’eau nécessaire était de 1 600 m3 par bateau. Il fallait amener l’eau jusqu’au bief de partage soit 750 litres par seconde en été et toutes les sources étangs et réservoirs alentour suffisaient à peine..
En 1880 les sept écluses furent remplacées par les six actuelles au gabarit Freycinet. Séparées d’environ 500 mètres les unes des autres, elles contournent la colline et, dès 1887, les anciennes trop petites et trop consommatrices en eau, furent abandonnées.
Sources : Wikipédia