Quelques pages d’histoire de
Saint-Denis-sur-Ouanne
Ses habitants sont appelés les Dionysiens.
Beaucoup des villages de Puisaye datent de l’époque gallo-romaine. Des bâtiments en dur furent alors édifiés sur des "mottes" (hauteurs) pour surveiller la vallée de l’Ouanne (le "sur" de Saint-Denis-sur-Ouanne ne veut pas dire "au bord de" mais "au-dessus de") et les "ferriers", ces ancêtres des "forges" qui, depuis les anciens temps gaulois, y produisaient du fer (comme à Donzy).
À la lisière d’une immense forêt appelée Luparia (hantée par les loups), qui donnera son nom à la Ferté-Loupière, le village de Saint-Denis (Sanctus Dionisius) s’est ainsi constitué, faisant partie du pagus (pays) de Sens. Vers 630, le célèbre roi Dagobert Ier fit cadeau de la région de Grandchamp à l’abbaye royale Sainte-Colombe de Sens, fondée une dizaine d’années plus tôt (sainte Colombe, une jeune chrétienne assassinée à Sens par les Romains au IIIe siècle, est une des toutes premières saintes vénérées dans la région). Les moines de Sens ont alors fondé un prieuré sur le lieu de l’ermitage de saint Val (où l’on ira longtemps implorer les faveurs du saint auprès d’une fontaine miraculeuse). Ce prieuré, à son tour, a fondé plusieurs paroisses, comme Champignelles (dont l’église est dédiée à sainte Colombe) et, un peu avant 845, Saint-Denis-sur-Ouanne. Une première église paroissiale a dû être bâtie à cette époque. L’actuelle église Saint-Loup (saint Loup fut un très populaire évêque de Sens au VIIe siècle), dont les fondations datent du XIIIe siècle, a été reconstruite sous la Renaissance : de cette époque subsiste un reste de statue de saint Denis qui figure au-dessus du portail en brique. (L’église a été plusieurs fois restaurée, au XIXe siècle et à nouveau en 1996).
Au XIIe siècle, le village est bientôt écartelé entre les comtés rivaux du Gâtinais et du Sénonais qui se disputent le contrôle de cette région. Mais une double catastrophe fond sur Saint-Denis au milieu du XIVe siècle, lorsque le village subit à la fois les ravages de la guerre de Cent Ans et ceux de la peste noire (1349). Au siècle suivant et pendant la Renaissance, la région fut repeuplée par des familles venues d’ailleurs, qui ont souvent laissé leurs noms aux "écarts" (hameaux) : les Rémonds, les Gaudins, les Blés, les Gallichets, les Darbois, etc. Les autres lieux-dits portent des noms de lieux : les Hâtes (alignements de vignes), la Boulassière (bois de bouleaux), la Masure (vieille maison), etc...
Le XVIe siècle, si l’on excepte quelques épidémies de peste limitées (en 1587 et 1596), fut une période de prospérité. C’est à cette époque que Guillaume de Montigny, le fils du fondateur du château du même nom, épousa la fille de Jean de Martinet, seigneur des Pinabeaux… La commune produisait alors du vin - si célèbre, dit-on, que le jeune Louis XIV en passait commande pour sa table royale. Les vignes (qui seront arrachées au XIXe siècle), étaient situées le long du ru s’échappant de l’étang des Pinabeaux et sur les coteaux dominant l’Ouanne.
Saint-Denis-sur-Ouanne, qui dépendit longtemps de la châtellenie de la Coudre (une des deux châtellenies de La Ferté Loupière) puis de la seigneurie de Grandchamp, releva de 1768 à 1789 du domaine des Texier d’Hautefeuille, comtes de Charny. À la Révolution, la terre fut saisie et partagée entre les cultivateurs du village. Jusqu’alors, comme toute cette partie de la Puisaye, Saint-Denis faisait partie de la province de Champagne - avec Sens - mais son inclusion dans le département de l’Yonne, en 1790, rattachera définitivement le village et ses environs à la Bourgogne.