Par : claudeh
Publié : 5 février 2004

Albert Moreau, illustre concepteur Montargois de l’aérostable

Albert Moreau

Le contexte familial et professionnel

Albert Moreau, est né le 28 janvier 1869 à Montargis (Loiret) dans une famille modeste. Dès son plus jeune âge, il s’intéresse au vol des oiseaux, plus particulièrement à leur vol plané qu’il observe fréquemment et avec curiosité. Déjà s’inscrivait en lui une propension à réaliser des objets de même configuration. Puis, peu à peu, à force de perfectionner ses modèles, il parvient à réaliser son rêve, celui de construire un avion. Pourtant sa vie professionnelle, très éloignée de l’aviation, ne devait pas, à l’origine, lui faciliter cette réussite. Il est tout d’abord apprenti typographe au journal "L’Indépendant de Montargis", puis devient ensuite Chef d’Atelier d’une grande imprimerie parisienne pour parvenir finalement, à force de persévérance, Directeur commercial dans cette entreprise ! Mais sa passion pour l’aviation naissante le dévore, entreprenant avec son frère André, mécanicien, la construction d’appareils. Sans autres ressources financières, il lui faut concilier les nécessité familiales (il était père de six enfants) et les besoins exigés par sa passion, particulièrement dévorante en capitaux. Une particularité le hantait : la stabilité des aéroplanes.

L’aérostable : construction et aspect novateur

C’est dans un hangar prêté par le maire de Quincy sous Sénart (près de Combs la ville en Seine et Marne), qu’Albert, assisté de son frère, conçurent et mirent au point en 1911 I’ "Aérostable", avion doté d’un système de stabilisation qui préfigurait ce que serait plus tard le pilote automatique.
Caractéristiques du monoplace Aérostable Moreau : Envergure : 45 "5" ; longueur : 30’6" ; poids : 1120 Ibs ; vitesse : 67-95 mph
Le 4 avril 1911 l’avion effectue un vol Quincy-Melun-Tigery-Quincy à une altitude de 150 m, puis un raid de 75 kms entre Combs la Ville à Montargis, réalisé à 300m d’altitude.
Le 28 novembre 1912, Albert démontre les qualités de son stabilisateur pendulaire en effectuant un vol de plus de 30 mn sans toucher aux commandes, donnant ainsi naissance au premier pilote automatique.
Dans un contexte de concurrence (mondiale) ardue, et en dépit du caractère innovant qu’il représentait déjà par ses aspects sécuritaires, l’aérostable ne recueillit pas le succès qu’il méritait, occulté par l’éternelle sacrosainte course à la performance à laquelle se livrait déjà les avionneurs. Les frères Moreau eurent également le mérite de montrer que l’avion pouvait être utilisé pour transporter le courrier, lançant ainsi le tout premier concept de l’aéropostale.
Le 18 mai 1915 au cours d’un vol d’essai, Albert se tue en s’écrasant avec son avion dans une rue de Melun, qui depuis porte son nom. Quelques mois après sa mort accidentelle, un essai d’un aérostable sans pilote eu lieu, préfigurant déjà le premier drône de l’histoire !

Pour voir le film d’époque montrant l’aérostable en vol
cliquez sur :
www.lyc-moreau-quincy.ac-versailles.fr/le-lycee/histoire-freres-moreau/

Par : alainh

La Bataille de Vimory

Bataille de Vimory

En octobre 1587, Vimory fut le cadre d’un épisode des Guerres de Religion (on en distingue huit de 1562 â 1598) opposant catholiques et protestants. La dernière, dite guerre des trois Henri (Henri III, Henri de Guise, Henri de Navarre) concernant directement Vimory.
Une constante des Guerres de Religion a été de réunir des forces protestantes étrangères venant d’outre-Rhin aux forces protestantes françaises, groupées de l’Aquitaine au Poitou. Ces forces étrangères comprennent alors quelque 25000 hommes. Soit 4500 Allemands (Reîtres), plusieurs régiments de lansquenets allemands, et 10000 piquiers suisses et alémaniques, commandés par le margrave Fabian von Dohna. Celui-ci contourne la Lorraine et la Champagne par le nord de la Bourgogne afin de faire sa jonction avec les I 500 protestants français commandés par le duc de Bouillon, venant du Dauphiné et du Languedoc.
L’objectif est de franchir la Loire pour rejoindre l’armée protestante d’Henri de Navarre, alors en Dordogne. Face à cette armée, le roi Henri III ne peut opposer qu’une armée de 20000 hommes, scindée en trois corps dont celui d’Henri de Guise qui se trouve non loin de Vimory.
Un automne pluvieux provoque le désenchantement des troupes allemandes, et de nombreuses exactions dans les environs, amène une scission de ces troupes, ce dont veut profiter Henri de Guise qui marche sur Vimory où est cantonnée une partie des forces allemandes.
L’infanterie catholique entre dans Vimory et le carnage commence. Les Allemands épouvantés veulent courir à leurs chevaux mais l’obscurité les en empêche. Ceux qui tentent de les rejoindre sont sabrés, ils s’enferment donc dans les maisons. Mais, les paysans se sont mis de la partie et d’eux-mêmes, sans regrets, ils incendient leurs biens. Vimory est en feu, les reîtres veulent fuir mais ils tombent sur les cavaliers de Mayenne qui les poursuivent dans la campagne.
« Jamais, je n’ouïe telle crierie, ceux qui échappent au fer n’échappent pas au feu et, aux cris de « Vierge Marie » les catholiques font de nouvelles victimes et poussent plus avant dans l’intérieur du village », mentionne Jean Le Bret.
Von Dohna regroupe avec peine une partie de ses cornettes pour arriver à la rescousse de ses hommes, tombe sur l’infanterie française et 60 cavaliers chargeant impétueusement ses hommes qui reculent. A partir de ce moment-là, le combat principal quitte le bourg, les séquences empruntant naturellement leurs noms à des terroirs vimoriens désignés depuis ces événements.
Repliée à l’est après ces incidents, la cavalerie de Guise est prise à partie par les cornettes de von Dohna, mais une partie des reîtres ne songe plus qu’à s’enfuir et s’enlise dans le marais aux Lards. « Tout le riche équipage du baron de Dohna a été pris, dit un narrateur, on y a gagné un grand butin, même de chevaux, plus de douze cents » Au bourg, des reîtres étaient retranchés. Ils furent tous tués.
Alors que von Dohna et les siens s’écartent du village, le reste de la cavalerie française qui était sur le chemin de Varennes avec Henri de Guise se rabat sur l’extrémité sud du bourg, éclairée par les feux de l’incendie, et s’assure une nette supériorité sur les reîtres qui rétrogradent vers leurs quartiers du secteur des Brosses. Ce rapprochement de leurs bases a pour effet de faire entrer en scène d’autres cornettes, se sentant menacées, qui n’avaient pas répondu à l’appel initial de von Dohna.
Mais, ces joutes entre escadrons français qui chargent à l’épée et cornettes allemandes tiraillant au pistolet tournent à l’avantage des premiers, quelques tirs des arquebusiers les plus avancés troublant l’ordonnancement des cornettes ou faisant des trouées sanglantes dans les rangs des reîtres.
Les cavaliers allemands rétrogradent donc ou fuient la clarté de l’incendie vers le sud et, toujours en pointe, la compagnie de Mayenne les poursuit. Est-ce une ruse des Allemands qui connaissaient l’obstacle car ayant campé à proximité, est-ce simplement Ie hasard de la poursuite dans un secteur où l’ombre l’emportait sur l’éclairage de l’incendie distant de plus de 1500 mètres…
Dans cette tourmente, 16 gentilshommes de la compagnie de Mayenne tombent dans une grande fosse qu’ils n’avaient pas pu voir. Se ressaisissant, les épistoliers allemands les tuent jusqu’au dernier. Tel fut l’épisode malchanceux du Marais Sanguin où périrent le Marquis de Villars, le baron de Saint Vincent, Monsieur de Soubens et un des deux gentilshommes portant l’enseigne.
L’affaire n’avait pas duré trois heures « Pour ce qui est des morts, précise un témoin, il en est demeuré, outre ce qui a été brûlé et consumé par le feu, plus de 800 parmi les maisons et les jardins » C’était une réussite dépassant même l’attente de Henri de Guise qui en avait conçu la possibilité et combiné l’exécution.
Les principales victimes de la bataille étaient, bien sûr, le village de Vimory et ses habitants. Le bourg avait été en grande partie détruit par l’incendie, sauf le clocher. Une bonne centaine de reîtres, démontés, cachés ou laissés dans les granges ou écarts voisins, furent traqués par les paysans ruinés ou ayant perdu Une partie de leur famille et ceux-ci furent sans pitié pour les reîtres isolés ou traînards en dépit de leurs cris de sauvegarde. Davila raconte que 18 de ces malheureux furent saignés comme des poulets entravés par une femme, « avec le même couteau » est-il précisé.
A l’aube du 27 octobre, les habitants, trempés par la pluie nocturne, découvrent l’étendue du désastre, comptent leurs morts ou leurs blessés retrouvés parfois dans des positions horribles, tous atteints dans leurs familles, sans toits et livrés aux intempéries à la veille de l’hiver, tandis que rôdait la peste. Sept ans après la bataille, un acte signé d’un notaire vimorien mentionne qu’à ce moment Vimory ne compte plus que 50 feux (215 habitants), là où avant les troubles il y avait 200 feux (850 habitants). Vimory semble avoir payé de la moitié de sa population la victoire qui porte son nom.

Extrait de l’histoire de Vimory sur Vimory.com, média indépendant des vimoriens.