La Fosse Dionne : légende ou réalité ?
La source de la Fosse Dionne, située dans un quartier retiré de tonnerre (Yonne), dispense ses eaux à l’endroit sans doute le plus ancien de la cité. Elle jaillit à l’aplomb d’un plateau rocheux nommé « les Vieux Châteaux », qui dût jadis abriter la vieille agglomération de « Tornodurum » dans une région de plateaux calcaires et secs.
L’origine de la source
Son nom viendrait de Divona, divinité des eaux. Il se peut également qu’il soit dérivé de la nymphe Dioné (mythologie archaïque), océanide de la mythologie grecque antique.
La Fosse Dionne est source pérenne dont le débit moyen est de 200 litres par seconde. L’eau est issue d’un implovium de 43 km au sud de la ville de Tonnerre, stockée dans de multiples failles du plateau calcaire que constitue le Tonnerrois, ce qui explique son débit continu.
Il s’agit donc d’une résurgence d’eaux météoriques et non de quelques résurgences de rivières lointaines ou souterraines. La source est située dans le quartier vieux de la ville ; elle coule au pied d’une montagne effondrée, qui la domine à une hauteur de 60 m. Prise comme dans un fer à cheval, elle débouche sur une rue étroite.
Le lavoir
La source fut aménagée en lavoir par Louis d’Eon, père du célèbre chevalier. Le lavoir qui habille actuellement la source date de 1731 pour l’enceinte intérieure et de 1758 pour l’enceinte extérieure, les cheminées et la toiture.
Le lavoir circulaire qui entoure la fosse est équipé d’un muret destiné à protéger l’eau de la source de l’eau de lavage ainsi que des cheminées qui produisaient la cendre utilisée pour le nettoyage.
La Fosse Dionne et les sous du Diable
Un jour d’été de l’an 700, le petit Pierre voit venir au galop un cavalier noir au panache rouge sang. Arrivé à sa hauteur, ce dernier demande au garçon où il peut désaltérer son cheval. Le jeune garçon lui indique la Fosse Dionne.
Immédiatement, le cavalier refait partir sa monture et laisse choir sur le chemin un sac de pièces. Profitant de l’aubaine, le jeune garçon s’en saisit en se gardant bien d’avertir le visiteur. Avec cet argent, il va faire des achats de nourriture.
D’affreuses coliques se mettent à le tourmenter, puis il est pris de rires démoniaques. Les aliments n’ont plus de saveur, le pain a le goût du plâtre, le lait est insupportable. Pris de remords, l’enfant se dirige vers la Fosse Dionne.
Arrivé au bord de l’eau, il n’y trouve pas l’étranger. L’endroit est désert, du moins le croit-il. Dans l’ombre, cependant le cavalier l’épie. Mais il y a aussi le saint évêque Pallade qui ne perd rien de la scène. Pierre jette dans la source les pièces diaboliques et s’apprête à s’y précipiter quand l’évêque le retient. Pierre avoue son acte et le saint homme lui accorde sa miséricorde.
Mais du fond de l’eau, les pièces ensorcelées l’accusent toujours. C’est alors que saint Pallade recouvre de son manteau l’argent du diable. Le cavalier vient de perdre la partie. Brusquement, il surgit des taillis et lance sa monture dans la vasque. Les eaux se mettent à bouillonner durant de longs instants. Quand elles redeviennent calmes, la Fosse Dionne n’a plus de sable. Le fond vient d’être emporté dans les abîmes de l’enfer.
Les fouilles dans la Fosse Dionne
Depuis 1908, plusieurs plongées ont été éffectuées pour explorer la fosse.
Le 2 décembre 1979, Eric Le Guen secondé de son frère Francis, membre du Spéléo-Club de Paris, atteint la cote –61 m, à 360 m de l’entrée.
L’exploration durera plus de trois heures en immersion totale.
1989, P. Jolivet dépasse le terminus Le Guen et atteint la cote –70 m, à 370 m de l’entrée.
Source : Artévèn magazine (01/2012)